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…………Quand Freud nous fait pisser de rire.

Dans un article de 1931 intitulé « Sur la prise de possession du feu » 1, Freud prétend nous expliquer comment les hommes primitifs ont réussi à domestiquer le feu. Il entend, nous dit-il au début, y reprendre et y développer une thèse qu'il avait esquissée l'année précédente dans Le malaise dans la culture. « Dans une note de mon écrit "Le malaise dans la culture", j'ai mentionné — plutôt incidemment — quelle supposition on pourrait faire, sur la base du matériel psychanalytique, concernant le prise de possession du feu par l'homme originaire » (p. 31).

Il convient donc tout d'abord de rappeler cette note : « Un matériel psychanalytique incomplet, qu'on ne peut interpréter avec certitude, permet cependant au moins une supposition — qui paraît fantastique — au sujet de l'origine de ce haut fait humain. C'est comme si l'homme originaire avait eu l'habitude, quand il rencontrait le feu, de satisfaire sur lui un plaisir infantile en l'éteignant par un jet d'urine. Sur la conception phallique originaire de la flamme, qui comme une langue s'étire dans les airs, il ne peut y avoir, d'après les légendes existantes, aucun doute. Éteindre le feu en urinant — ce à quoi ont recours ces tardifs enfants de géants que sont Gulliver à Lilliput et le Gargantua de Rabelais — était donc comme un acte sexuel avec un homme, comme une jouissance de la puissance masculine sans la compétition homosexuelle. Celui qui, le premier, renonça à ce plaisir, épargnant le feu, put l'emporter avec lui et le contraindre à le servir. En étouffant le feu de sa propre excitation sexuelle, il avait domestiqué cette force de la nature qu'est le feu. Cette grande conquête culturelle serait donc la récompense d'un renoncement pulsionnel. Et, de plus, c'est comme si on avait commis la femme à être gardienne de ce feu retenu prisonnier au foyer domestique, parce que sa conformation anatomique lui interdit de céder à une telle tentation de plaisir. Il faut aussi noter avec quelle régularité les expériences analytiques attestent la corrélation entre ambition, feu et érotisme urinaire  2».

Il faut le reconnaître, Freud a l'art de renouveler radicalement les sujets dont il s'empare. Avant lui, on pensait généralement que le grand problème des hommes préhistoriques avait été de réussir à produire le feu ; grâce à lui, on a enfin compris que leur grand problème avait été de réussir à éviter de l'éteindre en urinant dessus. Malheureusement cette découverte capitale ne semble pas avoir rencontré le moindre écho et les spécialistes de la préhistoire notamment n'en ont tenu apparemment aucun compte.

Selon Freud, quand ils rencontraient un feu, les hommes primitifs avaient l'habitude de pisser dessus pour l'éteindre. Ils y prenaient nous dit-il, « un plaisir infantile ». Certes, les occasions de se distraire offertes par la vie préhistorique devaient être assez limitées et l'on peut comprendre qu'ils n'en aient négligé aucune, au risque de se roussir les roustons. Mais Freud nous explique ensuite que ce « plaisir infantile » était, en réalité, comme d'ailleurs selon lui tous les plaisir des enfants, d'ordre sexuel, et plus précisément homosexuel.

Le plaisir que les hommes primitifs éprouvaient à uriner sur des flammes tenait, en effet, selon Freud, au fait qu'ils avaient l'impression d'uriner sur des phallus en érection. Une telle impression était assurément bien propre à les distraire de la monotonie de leur vie. Mais l'excitation sexuelle aurait dû provoquer chez eux une érection qui n'aurait pas manqué de les empêcher d'uriner. Quand Freud affirme qu'« éteindre le feu en urinant était donc comme un acte sexuel avec un homme », il oublie qu'un homme en train d'uriner est bien incapable de se livrer à un acte sexuel avec qui que ce soit, femme, homme ou chèvre.

Il n'est de plus pas évident du tout que les hommes primitifs aient vu dans les flammes des phallus en érection. Freud, lui, en est absolument persuadé : « Sur la conception phallique originaire de la flamme, qui comme une langue s'étire dans les airs, il ne peut y avoir, d'après les légendes existantes, aucun doute ». La comparaison de la flamme avec la langue est, certes, très naturelle et tout à fait classique comme en témoigne l'expression usuelle « langues de feu » pour désigner les flammes. Elle se justifie par le fait que la flamme et la langue présentent une relative ressemblance quant à la forme et aux mouvements, et notamment leur commune aptitude à lécher. Mais si la flamme peut, en effet, assez facilement évoquer la langue, il faut être atteint de phallomanie galopante pour trouver qu'elle fait penser au « phallus en érection », comme l'affirme Freud : « La flamme évoque dans sa forme et ses mouvements le phallus en érection. Que la flamme apparût à la mentalité mythique comme phallus, cela ne peut être mis en doute, la légende sur l'ascendance du roi de Rome Servius Tullius en témoigne aussi. Quand nous-mêmes parlons du feu dévorant de la passion et des flammes dardant leur langue, comparant ainsi la flamme à une langue, nous ne sommes pars très éloignés du mode de pensée de nos ancêtres primitifs » (p. 34).

Notons tout d'abord que Freud semble avoir mis pas mal de temps à découvrir la nature phallique de la flamme. Celle-ci, non plus que la langue, ne figure pas, en effet, dans la longue liste de symboles phalliques que l'on trouve dans L'Interprétation des rêves. Cela n'a rien d'étonnant. Si porté que l'on puisse être, comme Freud, à voir des phallus partout, on a bien du mal à trouver en quoi la flamme et le phallus en érection pourraient bien se ressembler. Les différences, en revanche, sautent aux yeux. La flamme est aussi agile que le phallus en érection l'est peu ; elle est extrêmement mobile, tandis que le phallus en érection est rectiligne, rigide et immobile. La flamme a la consistance du vent, le phallus en érection, celle d'un bâton ou d'un saucisson très sec. Si la flamme, comme la langue, peut lécher, ce n'est pas le cas du phallus. C'est lui qu'on lèche, au contraire, du moins quand on aime cela, car beaucoup de gens préfèrent les glaces.

Pour essayer de nous convaincre que la mentalité mythique voit bien la flamme comme un phallus, Freud invoque « la légende sur l'ascendance du roi de Rome Servius Tullius » et nous renvoie en note 3 à un passage du Rameau d'or de Frazer. Il convient de le citer, car il est, en réalité, plus propre à contredire la thèse de Freud qu'à la confirmer. Le voici : « On raconte qu'un jour, comme la vierge Ocrisia, esclave de la Reine Tanaquil, épouse de Tarquin l'Ancien, était en train d'offrir les gâteaux et les libations habituelles de vin sur le foyer royal, soudain une flamme, ayant la forme de l'organe mâle, jaillit du feu. La sage reine Tanaquil prit ceci pour un signe que sa servante devait devenir la mère d'un fils plus que mortel ; elle ordonna donc à la jeune fille de se parer comme une épouse et de s'étendre près du foyer. Ses ordres furent obéis. Ocrisia conçut par l'opération du dieu ou de l'esprit du feu, et en temps voulu mit au jour Servius Tullius, qui naquit ainsi esclave, étant le fils présumé d'une esclave et d'un père divin, le dieu du feu. Dans son enfance une flamme légère qui voltigeait autour de sa tête pendant qu'il dormait à midi dans le palais du roi, attestait bien son origine  4».

Notons tout d'abord que cette version de la légende, dont Frazer ne nous indique pas l'origine, semble être la seule qui fasse état d'une flamme « ayant la forme de l'organe mâle ». Tite-Live nous raconte que des flammes avaient entouré la tête de l'enfant, mais il ne nous dit pas que ces flammes ressemblaient à des phallus 5. Si Freud a préféré à la version de la légende donnée par Tite-Live celle rapportée par Frazer, c'est évidemment à cause de cette « flamme ayant la forme de l'organe mâle ». Il a cru avoir déniché une précieuse information particulièrement propre à corroborer sa thèse. Mais, s'il avait pris la peine de réfléchir un peu, il aurait compris qu'elle était, bien au contraire, de nature à la ruiner, Car s'il avait raison, s'il avait été habituel et tout à fait naturel d'assimiler les flammes à des phallus, personne n'aurait dû s'étonner de celle-ci, personne n'aurait même dû la remarquer. Au lieu de cela, tous ceux qui assistaient à la scène, ont été frappés de stupéfaction : ils n'avaient encore jamais vu ni entendu parler d'un tel phénomène et l'ont aussitôt considéré comme un prodige. 

Mais, si comique que puisse être la thèse de Freud selon laquelle les hommes primitifs auraient continuellement eu envie d'uriner sur le feu parce que les flammes évoquaient pur eux des phallus en érection, l'idée qu'ils aient confié aux femmes le soin de garder le foyer, parce leur conformation ne les incite pas à vouloir uriner sur le feu, est bien plus comique encore. C'est sans doute un des sommets, peut être même le sommet du comique freudien lequel est, bien sûr, tout à fait involontaire. Freud prétend, dans Le mot d'esprit et sa relation à l'inconscient, que le mot d'esprit est « une formation de l'inconscient plus qu'une production volontaire  6». Il aurait dû s'appuyer en priorité sur ses propres textes. Car son inconscient a parfois un sens du comique digne de Rabelais et de Molière. Mais Freud n'a pas pensé à se dire que, si les flammes évoquaient naturellement des phallus en érection, les femmes auraient sans doute été tentées de s'accroupir en écartant les jambes au-dessus des flammes, ce qui aurait sans doute causé des dommages irréparables à leur appareil génital, et on aurait alors assisté à plus ou moins long terme à l'extinction non pas du feu, mais de l'espèce.

Mais cessons ces basses plaisanteries et admirons plutôt « celui qui, le premier, nous dit Freud renonça à ce plaisir [uriner sur les flammes], épargnant le feu, put l'emporter avec lui et le contraindre à le servir. En étouffant le feu de sa propre excitation sexuelle, il avait domestiqué cette force de la nature qu'est le feu ». Grâce à Freud, on sait maintenant quel a été le premier et peut-être le plus grand des héros que l'espèce humaine a enfantés. Il conviendrait donc que l'on se décidât enfin à réparer ce qui constitue sans doute la plus longue injustice de l'histoire humaine en construisant, sous l'égide des Nations Unies, un superbe monument à la gloire du héros inconnu qui le premier a su, au prix d'un effort surhumain de la volonté, surmonter la pulsion si violente qui portait tous ses congénères à uriner sur tous les feux qu'ils apercevaient. 

Estimant sans doute que sa thèse pourrait peut-être rencontrer une certaine résistance de la part de quelques esprits étroits et bornés, Freud a jugé bon de l'étayer en faisant appel a la mythologie et il a choisi le légende de Prométhée : « J'estime en effet que mon hypothèse, selon laquelle la condition préalable pour s'emparer du feu a été la renonciation au plaisir à tonalité homosexuelle de l'éteindre par le jet d'urine peut être confirmée par l'interprétation la légende grecque de Ptolémée, si l'on prend en considération les déformations auxquelles il faut s'attendre en passant du fait lui-même au contenu du mythe » (p. 31)

À première vue, on ne voit vraiment pas en quoi la légende de Prométhée pourrait servir la thèse de Freud. On se demande bien, en effet, pourquoi Prométhée se serait donné la peine de dérober le feu aux dieux pour l'apporter aux hommes, si ceux-ci avaient pour habitude de pisser aussitôt dessus. Mais Freud va nous expliquer que Prométhée ne s'était pas donné seulement la mission d'apporter le feu au hommes : il s'était donné aussi celle, encore plus difficile, de leur expliquer qu'il fallait cesser de pisser dessus. Quoi qu'il en soit, Freud, lui, croit avoir découvert trois raisons d'invoquer la légende de Ptolémée à l'appui de sa thèse : « la façon dont Prométhée transporte le feu, le caractère de l'acte (forfait, vol, tromperie envers les dieux) et le sens de son châtiment » (p. 32).

Voici donc la première de ces trois raisons : « Le titan Prométhée, héros culturel encore divin, peut-être même à l'origine démiurge et créateur des hommes apporte donc aux hommes le feu, qu'il a dérobé aux dieux, caché dans un bâton creux, une tige de fenouil. Un tel objet, nous irions volontiers le comprendre dans une interprétation de rêve comme symbole de pénis, bien qu'ici l'accent inhabituel mis sur le creux soit troublant. Mais comment mettrons-nous en relation cette tige-pénis avec la conservation du feu ? Cela semble sans issue jusqu'à ce que nous nous souvenions du processus si fréquent dans le rêve, du renversement, de la transformation dans le contraire, de l'inversion des relations, processus qui nous dissimule si souvent le sens du rêve. Ce n'est pas le feu que l'homme héberge dans sa tige-pénis, mais au contraire le moyen d'éteindre le feu, l'eau de son jet d'urine. À cette relation entre le feu et l'eau se rattache alors un matériel analytique riche et bien connu » (p. 32).

Si l'on comprend bien Freud, Prométhée aurait choisi de transporter le feu dans un phallus. Voilà assurément une idée bien étrange ! Il avait sans doute envisagé d'abord de le transporter dans son propre phallus, mais, à la réflexion, il a préféré choisir un bâton creux, en l'occurrence une tige de fenouil, en se disant que cela revenait au même. Freud cependant semble avoir été quelque peu embarrassé par ce modèle phallique à cause de « l'accent inhabituel mis sur le creux » et il lui semble au premier abord impossible d'établir un lien entre cette « tige-pénis » et la conservation du feu. Ce n'en est donc que plus tentant pour lui. Pour ce faire, il a tout naturellement recours à l'une de ses techniques préférées, « la transformation dans le contraire ». L'urine est de l'eau et l'eau est le contraire du feu. Donc la tige dont se sert Prométhée pour transporter le feu équivaut à un pénis. Mais tout d'abord, même si l'urine est assurément constituée essentiellement d'eau, il n'en reste pas moins qu'à proprement parler l'urine n'est pas de l'eau. De plus, c'est un abus de langage de dire que l'eau est le contraire du feu. Certes, elle sert à éteindre le feu, mais les deux mots « eau » et « feu » ne sont pas pour autant des antonymes.  Ajoutons que l'homme n' « héberge » pas l'urine dans son pénis : c'est la vessie qui héberge l'urine. Le pénis est bien incapable de l'héberger : il ne peut que la laisser passer, quand elle décide de sortir prendre l'air, et elle est en général très pressée et fort peu désireuse de s'attarder. De plus quand le pénis est en train d'uriner, il ne ressemble pas à une tige. Ce qu'héberge la « tige-pénis », ce n'est pas de l'eau, mais du sang.

Enfin, même en admettant qu'on puisse effectivement assimiler une tige de fenouil à un phallus, et donc que Prométhée ait apporté le feu aux hommes dans un phallus, on n'arrive pas à comprendre comment cela prouverait que les hommes primitifs avaient la regrettable habitude d'éteindre le feu en pissant dessus. Est-ce à dire qu'en se servant d'un phallus pour protéger et transporter le feu, Prométhée aurait voulu faire comprendre aux hommes que le phallus n'était pas destiné à éteindre le feu ? C'est bien, semble-t-il, ce que pense Freud. Mais, c'est le moins que l'on puisse dire, le message de Prométhée était loin d'être clair et l'on se demande bien comment les hommes primitifs, qui n'avaient pas lu Freud, auraient bien pu le déchiffrer.

Le deuxième argument de Freud va nous laisser tout aussi perplexe : « En second lieu, l'acquisition du feu est un forfait, on en prend possession par rapine ou par vol. C'est là un trait constant de toutes les légendes sur la possession du feu, il se trouve chez les peuples les plus divers et les plus éloignés et pas seulement dans la légende grecque de Prométhée Porteur du feu. C'est donc ici que doit résider le contenu essentiel de la réminiscence de l'humanité, réminiscence qui a été déformée. Mais pourquoi la prise de possession du feu est-elle inséparablement connectée à la représentation d'un forfait ? Qui est le lésé, le trompé ? La légende chez Hésiode donne une réponse directe : dans un autre récit, qui n'est pas directement en corrélation avec le feu, Prométhée, en disposant les offrandes, cause préjudice à Zeus en faveur des hommes. Ainsi donc les trompés, ce sont les dieux ! Le mythe, on le sait, donne en partage aux dieux la satisfaction de tous les désirs auxquels l'enfant des hommes doit nécessairement renoncer, comme nous le savons à partir de l'inceste. Nous dirions, selon le mode d'expression analytique, que la vie pulsionnelle, le ça, est le dieu trompé par la renonciation à éteindre le feu ; dans la légende un désir humain est mué en privilège divin. Mais dans la légende la divinité n'a rien du caractère d'un sur-moi, elle est encore un représentant de la vie pulsionnelle surpuissante » (pp.32-33).

Certes, Freud commence par des remarques tout à fait exactes. Il est vrai que, si l'acte de Prométhée constituait un immense bienfait à l'égard des hommes, il constituait un vol et un forfait commis envers les dieux. Il est vrai que ce sont eux qui ont été trompés. Mais, de nouveau, on ne voit pas du tout comment établir un lien entre ce fait et la pulsion qui aurait poussé les hommes primitifs à éteindre le feu en l'arrosant de leur urine. Freud prétend, lui, trouver l'origine de la légende de Prométhée dans le profond sentiment de manque que les hommes primitifs auraient éprouvé lorsqu'ils ont renoncé à pisser sur le feu. « La vie pulsionnelle, le ça, dit-il, est le dieu trompé par la renonciation à éteindre le feu ». Notons tout d'abord que, dans une perspective freudienne, on serait plus volontiers porté à assimiler un dieu à un sur-moi qu'à un ça. Quoi qu'il en soit, la frustration ressentie par les hommes primitifs lorsqu'ils ont dû renoncer à uriner sur le feu serait donc selon Freud comparable à celle ressentie par les dieux lorsque Prométhée leur a dérobé le feu. Voilà certes, un rapprochement que personne jusqu'à la fin du monde n'aurait jamais songé à opérer si par malheur, la mère de Freud avait fait une fausse couche lorsqu'elle portait son génial rejeton.

De plus les hommes qui ont inventé la légende de Prométhée n'étaient pas des primitifs. Est-ce à dire que les hommes qui ont imaginé la légende de Prométhée aient, eux comme les hommes primitifs à en croire Freud, éprouvé eux aussi une envie irrépressible de pisser sur le feu ? N'en doutons pas, mais il faut comprendre, bien entendu, qu'ils n'en étaient aucunement conscients. Il s'agit d'une envie ancestrale qui s'est transmise dans et par les inconscients pendant des millénaires et qui est certainement encore tapie au fond de l'inconscient de chacun d'entre nous. Et c'est cette très lointaine et inconsciente réminiscence qui serait à l'origine de la légende de Prométhée. Les interprétations de Freud nous font souvent remonter à la petite enfance ; dans ce cas-ci, il nous fait remonter à l'enfance de l'humanité. On le voit, Freud renouvelle complètement l'étude du mythe de Prométhée. Il est bien dommage qu'aucun spécialiste de la mythologie ne semble pas avoir tenu la moindre compte de sa découverte.

Mais le troisième argument de Freud va se révéler encore plus déroutant que les précédents : « Où la mutation dans le contraire est la plus radicale, c'est dans un troisième trait de la légende, le châtiment du Porteur du feu. Prométhée est rivé à un rocher, un vautour lui dévore quotidiennement le foie. Dans les légendes du feu d'autres peuples, un oiseau joue aussi un rôle, il faut qu'il ait quelque chose à voir avec l'affaire, je m'abstiens pour l'instant d'interpréter. Par contre, nous nous sentons sur un terrain solide quand il s'agit d'expliquer pourquoi le foie est choisi comme lieu de châtiment. Le foie était considéré chez les anciens comme le siège de toutes les passions et de tous les désirs ; une punition comme celle de Prométhée était donc ce qui convenait à un criminel mû par ses pulsions, qui avait commis un forfait sous l'impulsion de désirs mauvais. Mais c'est l'exact contraire qui s'applique au Porteur de feu ; il avait pratiqué le renoncement pulsionnel et montré combien est bénéfique, mais aussi combien est indispensable un tel renoncement pulsionnel à visée culturelle. Et pourquoi un tel bienfait culturel devait-il, après tout, être traité par la légende comme un crime passible de punition ? Eh bien, si, à travers toutes les déformations, la légende laisse transparaître que la prise de possession du feu avait pour présupposé un renoncement pulsionnel, elle exprime malgré tout ouvertement la rancune que l'humanité, mue pas ses pulsions, ne manqua pas de ressentir contre le héros culturel. Et cela s'accorde avec nos vues et nos attentes. Nous le savons, l'exigence d'un renoncement pulsionnel et la mise en œuvre de celui-ci provoquent une hostilité et un plaisir-désir d'agression, qui ne se transposent en sentiment de culpabilité que dans une phase ultérieure du développement psychique » (pp. 33-34).

Freud prétend expliquer tout d'abord pourquoi le vautour dévore le foie de Prométhée, plutôt qu'un autre organe. On s'attendait, bien sûr, à ce qu'il nous révélât que le foie était en réalité un phallus. Certes, le foie ne ressemble guère à un phallus, mais quand Freud a besoin de phallus, il ne se montre pas très regardant sur la ressemblance. Je suis donc très étonné qu'il n'ait pas vu ce qui me paraît pourtant très évident : puisque Prométhée s'était servi d'un phallus pour apporter le feu aux hommes, il convenait donc qu'il soit puni par où il avait péché. Zeus avait donc d'abord ordonné au vautour de croquer le phallus de Prométhée. Mais après y avoir goûté, le vautour aurait fait la moue ; il aurait déclaré que cela manquait de goût et que la consistance était peu agréable. Il suggéra donc à Zeus de remplacer le phallus par le foie, en disant, car ce vautour était freudien, que cela revenait au même. Et Zeus qui se livrait volontiers lui-même aux métamorphoses les plus diverses et dont, comme souvent chez les dieux, la rigueur intellectuelle n'était pas la qualité dominante, acquiesça tout aussitôt.

Freud n'a donc pas vu que le foie était en réalité un phallus. Mais nous dit-il, il « était considéré chez les anciens comme le siège de toutes les passions et de tous les désirs ». On peut donc penser que le châtiment infligé à Prométhée était celui qui « convenait à un criminel mû par ses pulsions, qui avait commis un forfait sous l'impulsion de désirs mauvais ». Malheureusement Freud est bien obligé de reconnaître que ce n'est pas du tout le cas de Prométhée. Qu'à cela ne tienne ! Freud maintient tout d'abord que « la légende laisse transparaître que la prise de possession du feu avait pour présupposé un renoncement pulsionnel ». Et, de nouveau, cela ne le gêne aucunement que, depuis si longtemps, jamais personne avant lui ne s'en soit aperçu. Bien au contraire, comme toujours dans ces cas-là, il n'en a que plus envie d'y croire, car il y voit une confirmation supplémentaire de son incomensurable génie.

Pour Freud, les hommes qui ont inventé la légende de Prométhée, ayant hérité de leurs lointains ancêtres la pulsion inconsciente d'uriner sur le feu et du sentiment de manque que leur causait, non moins inconsciemment, le fait d'avoir dû renoncer à la satisfaire, se sont vengés sur le malheureux Prométhée. Mais on ne comprend vraiment pas pourquoi ils auraient voulu se venger de lui. Tout d'abord rien du tout n'indique dans la légende que Prométhée ait interdit aux hommes d'uriner sur le feu. Certes, il aurait été terriblement irrité, si les hommes après avoir reçu le feu de ses mains n'avaient rien eu de plus pressé que de pisser dessus. Mais il n'avait certainement jamais pensé à une telle éventualité et n'a donc certainement songé à les en dissuader. De plus, si les hommes avaient effectivement été atteints d'une constante et incoercible envie d'arroser le feu avec leur urine, ils auraient dû n'en être que plus reconnaissants envers Prométhée. Avant, en effet, qu'il ne leur apportât le feu, ils ne pouvaient leur pulsion que de manière occasionnelle, lorsque que par hasard ils tombaient sur un feu. Grâce à lui, ils ont pu enfin s'offrir le plaisir de pisser sur les flammes chaque fois que cela leur chantait, en prenant soin, bien sûr, d'allumer au préalable, un autre feu, afin d'en avoir un toujours sous la main, si l'on peut dire, lorsque la même envie leur reprendrait.

Freud, qui sait si bien se mettre à la place des bébés et des tout-petits, comprend aussi mieux que personne les hommes primitifs, comme il nous le prouve dans le paragraphe qui suit immédiatement : « L'opacité de la légende de Prométhée, comme celle d'autres mythes du feu, est accrue par cette circonstance que le feu dut apparaître aux primitifs comme quelque chose d'analogue à la passion amoureuse — nous dirions : comme symbole de la libido » (p. 34). On le voit, Freud a une vision résolument moderne de l'homme primitif. Celui-ci selon lui, était déjà très romantique et ne manquait jamais de « déclarer sa flamme » à une femme avant d'oser la toucher. L'homme primitif était même déjà freudien. Il voyait déjà des symboles sexuels partout. Lorsqu'il ramenait les bois secs qu'il avait ramassés, il disait à sa compagne qu'il lui apportait des phallus.

Après avoir essayé de mobiliser la légende de Prométhée à l'appui de sa thèse sur la prise de possession du feu, Freud a pensé pouvoir invoquer également celle du Phœnix : « Un petit pas de plus nous conduit à l'oiseau Phœnix qui de chacune de ses morts par le feu ressort rajeuni et qui vraisemblablement a voulu exprimer le phallus ranimé après son affaissement, bien plus tôt et plus anciennement que le soleil se couchant dans le rougeoiement du soir pour se lever ensuite de nouveau » (p. 35). Freud prétend qu'il n'a qu' « un petit pas de plus » à faire pour passer de la légende de Prométhée à celle l'oiseau Phœnix. Mais, si extravagante que soit l'interprétation que nous donne Freud de la légende de Prométhée, il n'en est pas moins vrai que celle-ci concerne bien la prise de possession du feu par les hommes. Ce n'est aucunement le cas, en revanche, de celle du Phœnix. Freud assimile le Phœnix à un phallus parce que, outre qu'en tant qu'oiseau, il fait partie des symboles phalliques les plus habituels, comme nous l'avons appris dans L'Interprétation des rêves, il a la particularité de renaître de ses cendres, comme le phallus qui s'affaisse à la fin de l'érection et après quelque temps se redresse de nouveau. Et on apprend alors que le soleil qui se couche tous le soirs et se lève tous les matins est lui aussi un phallus, mais sa véritable nature n'aurait été découverte que bien longtemps après celle du Phœnix. On le comprend aisément.

Après avoir mobilisé si arbitrairement la légende du Phœnix, Freud n'avait aucune raison de ne pas invoquer également n'importe quelle autre légende. Il a finalement choisi, sans doute parce qu'elle était particulièrement saugrenue, celle de l'hydre de Lerne : « En un lieu inattendu, nous rencontrons le renversement dans le contraire dans un autre mythe qui apparemment a fort peu à voir avec le mythe du feu. L'hydre de Lerne avec ses innombrables têtes de serpents dardant leur langue — une de ces têtes étant immortelle— est, d'après le témoignage de son nom, un dragon des eaux. Le héros culturel Héraclès la combat en tranchant ses têtes, mais elles repoussent toujours et il ne se rend maître du monstre qu'après voir consumé par le feu la tête immortelle. Un dragon des eaux qui est dompté par le feu  — cela n'a tout de même pas de sens. Mais ce qui en a, comme dans tant de rêves, c'est l'inversion du contenu manifeste ? L'hydre est alors un incendie, les têtes de serpents dardant leur langue sont les flammes de l'incendie, et comme preuve de leur nature libidinale elles donnent de nouveau à voir, comme le foie de Prométhée, le phénomène de la repousse, du renouvellement après la tentative de destruction. Héraclès éteint dès lors cet incendie avec… de l'eau. La tête immortelle est bien le phallus lui-même, son anéantissement, la castration. Mais Héraclès est aussi le libérateur de Prométhée, celui qui tue l'oiseau dévorateur du foie. Ne pourrait-on pas deviner une plus profonde corrélation entre les deux mythes ? C'est en effet comme si l'acte d'un des héros était réparé par l'autre. Prométhée avait interdit l'extinction du feu - comme la loi du Mongol -, Héraclès l'avait autorisé dans le cas d'un incendie menaçant de désastre. Le second mythe semble correspondre à la réaction d'une époque culturelle ultérieure, provoquée par la prise de possession du feu. » (pp. 35-36).

Quand on lit ces lignes, l'on se dit assurément que l'on aurait pour le moins besoin d'autant de têtes que l'hydre de Lerne pour avoir une chance de se retrouver dans cette salade si étrangement composée. Freud commence par reconnaître que le mythe de l'hydre de Lerne « apparemment a fort peu à voir avec le mythe du feu ». N'importe qui se dirait alors qu'il est inutile de se fatiguer à chercher ce qui très probablement n'existe pas. Mais Freud raisonne tout autrement. Moins il semble y avoir lieu de chercher un lien entre le mythe de l'hydre de Lerne et la prise de possession du feu, et plus, pour lui, il est important, plus il est essentiel de le faire.

Passons sur le fait que la façon dont Freud résume la légende diffère quelque peu de la version habituelle. Il nous dit qu'Héraclès combat l'hydre « en tranchant ses têtes, mais elles repoussent toujours et il ne se rend maître du monstre qu'après avoir consumé par le feu la tête immortelle ». Dans son Dictionnaire illustré de la mythologie et des antiquités grecques et romaines, Pierre Lavedan nous dit qu'Héraclès après avoir vainement essayé de trancher chaque tête une à une, celles-ci repoussant aussitôt, « livra un combat décisif où toutes les têtes du dragon furent coupées d'un seul coup et brûlées immédiatement  7». Mais, avouons-le, la différence est minime et sans importance.

Freud avoue que la légende paraît d'abord dépourvue de sens : « Un dragon des eaux qui est dompté par le feu  — cela n'a tout de même pas de sens ». Il entend par là qu'il ne voit pas quel parti il pourrait en tirer. Il va donc de nouveau avoir recours à sa solution miracle, « le renversement dans le contraire ». Puisque, comme son nom l'indique, l'hydre est associée à l'eu, elle va donc représenter le feu : L'hydre est alors un incendie, les têtes de serpents dardant leur langue sont les flammes de l'incendie ». La légende nous dit qu'Héraclès a recours au feu pour tuer un monstre aquatique. Freud traduit donc : « Héraclès éteint dès lors cet incendie avec… de l'eau ». Il faut, bien sûr comprendre, puisque Freud considère que l'urine ne se distingue pas de l'eau, si ce n'est en ce qu'elle est encore plus propre que celle-ci à éteindre le feu, qu'Héraclès a tué l'hydre de Lerne en lui pissant dessus. On découvre alors quel étroit rapport le mythe de l'hydre de Lerne a avec « le mythe du feu ».

Comment en douter ? Les preuves multiples et convergentes que Freud nous fournit, sont de nature à convaincre les plus sceptiques. Ayant découvert que l'hydre de Lerne était un incendie, Freud en conclut logiquement que « les têtes de serpents dardant leur langue sont les flammes de l'incendie ». Comme ne pas être frappé, en lisant cette phrase, par l'exceptionnelle richesse de la symbolique phallique ? Comme les oiseaux, les serpents, ainsi que Freud nous l'a appris dans L'Interprétation des rêves, sont un des symboles phalliques les plus répandus et les plus évidents. Ces têtes de serpents ne peuvent donc être que des phallus. Elles ressemblent, de plus, à des flammes, autre symbole phallique, et dardent leur langue qui est, elle aussi, comme Freud vient de nous l'apprendre, un symbole phallique.

Et, si l'on pouvait encore douter de leur évidente phallacité, ces têtes repoussent lorsqu'elles sont coupées, de même que le foie de Prométhée se régénère à mesure qu'il est dévoré par le vautour. Elles répondent donc au nouveau critère que Freud a défini pour élargir la recherche phallique, critère qui n'apparaissait pas dans L'Interprétation des rèves  : est phallus tout ce qui se relève tout ce qui se redresse, tout ce qui repousse.

On s'étonne que Freud ne se soit pas intéressé à la queue des lézards, aux vers de terre, et surtout au pénis jetable du Goniobranchus tinctorius qui, ayant souvent des difficultés pour retirer son pénis après la copulation, préfère parfois l'abandonner sur place, sachant qu'un nouveau pénis va lui repousser dans les vingt-quatre heures. En ce qui concerne ce dernier, il ne fait guère de doute que Freud en ignorait totalement l'existence. Dans le cas contraire, en effet, il se serait évidemment passionné pour le Goniobranchus tinctorius qui serait aussitôt devenu son principal objet d'études. Un pénis jetable après usage et qui repousse à chaque fois, quel fantasme extraordinaire pour un psychanalyse ! Il aurait certainement détrôné le complexe d'Œdipe dans la mythologie freudienne. Freud serait certainement arrivé à la conclusion que c'était là, enfoui au plus profond des recès les plus secrets de l'inconscient, le grand rêve de tous les hommes. Certes, un Dominique Strauss-Kahn trouverait sans doute bien long d'avoir à attendre vingt-quatre heures avant de pouvoir disposer d'un nouveau phallus, mais la grande majorité des hommes s'en accommoderaient aisément.

Mais Héraclès n'est pas seulement le tueur de l'hydre de Lerne, il « est aussi le libérateur de Prométhée » et Freud n'a pas manqué de le rappeler. En effet, il y voit aussitôt l'éclatante confirmation du lien très profond qui rattache la légende de l'hydre de Lerne à celle de Prométhée : « C'est en effet comme si l'acte d'un des héros était réparé par l'autre. »

En tuant l'hydre de Lerne, Héraclès aurait autorisé les hommes à pisser sur le feu, alors que, selon Freud, Prométhée le leur avait interdit de le faire. Héraclès, il est vrai, n'y aurait autorisé les hommes que « dans le cas d'un incendie menaçant de désastre ». Comment ne pas se dire alors que, dans un cas pareil, la seule utilisation du phallus comme lance à incendie risque de se révéler quelque peu insuffisante ?

Le rapprochement de deux mythes permet encore à Freud d‘en tirer une dernière conclusion : «  Le second mythe semble correspondre à la réaction d'une époque culturelle ultérieure, provoquée par la prise de possession du feu ». Que la légende selon laquelle Héraclès aurait délivré Prométhée soit ultérieure à celle de Prométhée, c'est assez évident. Cela ne veut pas dire pourtant qu'elle corresponde à « la réaction d'une époque culturelle ultérieure » et encore moins à ce que celle-ci soit « provoquée par la prise de possession du feu ». Le mythe de l'hydre de Lerne n'a manifestement rien à voir avec « la prise dépossession du feu ».

La thèse de Freud atteint un degré de gratuité et d'absurdité qui fait de ces quelques pages un de ses plus grands chefs- d'œuvre. S'il les avait publiées au tout début du siècle, il est probable qu'il aurait été aussitôt et définitivement regardé comme un parfait siphonné. Mais, en 1931, il est devenu aux yeux de tous les freudiens une véritable idole et il peut se permettre de débiter les pires absurdités sans qu'aucun d'entre eux n'ose mettre en doute la moindre de ses allégations, quand bien même celles-ci atteignaient au dernier degré de l'extravagance et du comique involontaire. Rarement, en effet, Freud nous aura offert des fariboles aussi désopilantes que dans cet article sur « la prise de possession du feu ». S'il n'a certes, pas réussi à nous convaincre que les hommes primitifs étaient parvenus à domestiquer le feu parce qu'ils avaient su maîtriser la pulsion d'essence évidemment homosexuelle qui les incitait sans cesse à pisser dessus, il faut lui reconnaître ce mérite, il peut parfois, bien involontairement, nous faire pisser de rire. L'on ne saurait donc trop recommander la lecture de cet article, que l'on devrait trouver dans toutes les maisons de retraite, à tous les hommes qui rencontrent des difficultés pour uriner, et pour certains alors même qu'ils sont devant un feu.


 

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NOTES :

[1] Œuvres complètes, P.U.F., 1995, tome XIX, pp. 29-37. Toutes les références seront données dans le corps du texte.

[2] Le malaise dans la culture, collection Quadrige, P.U.F., 1995, p. 33, note 1.

[3] Voici cette note : « Sixième roi de Rome (578-534v. J.C.), fils du Lar familiaris qui s'était uni avec une esclave sous les espèces d'une flamme en forme de phallus ; (.J.G. Frazer, The Magic Art and the Evolution of Kings, London, Macmillan & Co, 1911, vol. 2, p. 195 ».

[4] Le Rameau d'or, éditions Robert Laffont, 1981, collection Bouquins,, tome I, pp. 374-375.

[5] « Pendant que le sommeil d'un enfant nommé Servius Tullius, sa tête fut, dit-on, entourée de flammes sous les yeux de plusieurs témoins. Aux cris que tous poussaient devant ce présage étonnant, la famille royale accourut et comme un serviteur apportait de l'eau pour éteindre le feu, la reine l'arrêta, fit cesser le bruit, ordonna de ne pas toucher à l'enfant et de le laisser se réveiller de lui-même. Juste à son réveil la flamme disparut. Alors, prenant à part son mari, Tarquanil lui dit : "Vois-tu cet enfant que nous élevons dans une condition si humble ? Sache qu'un jour il sera notre rayon de lumière en des moments critiques et le soutien de notre trône ébranlé. Ce germe d'une gloire immense pour l'État et pour notre maison, apportons toute notre sollicitude à le développer." Dès lors ils se mettent à traiter l'enfant comme leur fils » (Histoire romaine, Livre I, Les Belles lettres, 1947, collection des Universités de France, pp. 64-65).

[6] Le mot d'esprit et sa relation à l'inconscient, , Collection Folio essais (n° 201), Gallimard, 1988, quatrième de couverture.

[7] Hachette, 1931, p. 509.

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